...et cette analyse de Libération suite aux interventions d'Axel Kahn dans les média ce week-end :
Le front des Présidents d'Universités craque : après l'appel de plusieurs d'entre eux à une réunion lundi à la Sorbonne, c'est Axel Kahn, le président de Paris-5 Descartes qui abandonne en rase campagne Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse.
Alors même que le Président de la République s'était réclamé de son soutien lors de son émission télévisée jeudi - en insistant sur son positionement à gauche - Axel Kahn vient de déclarer : "M. le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret (...)."
Cette volte-face d'Axel Kahn sera diversement appréciée. Il avait en effet récemment réaffirmé, avec trois autres Présidents dans une tribune soutenant cette réforme. Mais nul ne peut se tromper sur sa cause : comme de nombreux Présidents d'Universités, au contact de leurs collègues et électeurs, il ne peut que constater l'énorme colère de ces derniers. A moins de décider de se couper de leur base électorale mais aussi de leurs collègues avec lesquels ils doivent travailler, il leur devient de plus en plus difficile de suivre Valérie Pécresse.La nouvelle position d'Axel Kahn reflète une réalité désagréable pour Nicolas Sarkozy et sa ministre : le refus de la communauté universitaire de se voir imposer un nouveau statut analysé par beaucoup comme atteignant la dignité de leur métier, est clairement majoritaire, toutes opinions politiques confondues.
En outre, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont commis l'erreur tactique de provoquer un front commun d'actions en cumulant plusieurs raisons de colère du milieu universitaire et scientifique.
A la réforme du statut s'ajoute en effet celle de la formation des enseignants et de leur recrutement. Réforme baptisée mastérisation, mais dont le refus n'est pas celui d'une hausse du diplôme exigé pour être enseignant, mais la manière dont elle est conduite.
Pour les professeurs des écoles, c'est la diminution de la formation pédagogique et la disparition de l'année de stage payée qui est au coeur de la colère des IUFM et explique pourquoi ils se mettent en grève. Pour les enseignants du secondaire, c'est presque l'inverse : les contestataires visent l'affaiblissement des contenus disciplinaires, la possiblité d'être recruté comme professeur de langue vivante sans examen oral, le risque de voir les reçus au master/recalés aux concours gonfler les rangs des futurs vacataires.
Surtout, les choix budgétaires encadrent et déterminent complètement le sens réel des réformes. Avec moins d'enseignants-chercheurs, il est évident que la charge de cours de la majorité ne peut qu'augmenter. Avec le démantèlement des Organismes de Recherche et leur transformation en Agence de Moyens, la précarisation des jeunes chercheurs, c'est la structuration de la recherche qui vacille.
L'addition de ces différentes décisions par le gouvernement se paye aujourd'hui par un mouvement social inédit, de très grande puissance, et dont les participants sont loin de se limiter à la gauche universitaire. L'irruption possible des étudiants, déjà perceptible dans les manifestations de jeudi dernier, pourrait mettre en difficulté politique Valérie Pécresse et même le Président de la République. Or, ces étudiants ont bien des raisons d'entrer en action : les problèmes de formations, de bourses, de qualité d'accueil dans les Universités, d'orientation scolaire, de réussite... sont tout aussi énormes qu'il y a un an, deux ans, trois ans.
Alors même que le Président de la République s'était réclamé de son soutien lors de son émission télévisée jeudi - en insistant sur son positionement à gauche - Axel Kahn vient de déclarer : "M. le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret (...)."
Cette volte-face d'Axel Kahn sera diversement appréciée. Il avait en effet récemment réaffirmé, avec trois autres Présidents dans une tribune soutenant cette réforme. Mais nul ne peut se tromper sur sa cause : comme de nombreux Présidents d'Universités, au contact de leurs collègues et électeurs, il ne peut que constater l'énorme colère de ces derniers. A moins de décider de se couper de leur base électorale mais aussi de leurs collègues avec lesquels ils doivent travailler, il leur devient de plus en plus difficile de suivre Valérie Pécresse.La nouvelle position d'Axel Kahn reflète une réalité désagréable pour Nicolas Sarkozy et sa ministre : le refus de la communauté universitaire de se voir imposer un nouveau statut analysé par beaucoup comme atteignant la dignité de leur métier, est clairement majoritaire, toutes opinions politiques confondues.
En outre, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont commis l'erreur tactique de provoquer un front commun d'actions en cumulant plusieurs raisons de colère du milieu universitaire et scientifique.
A la réforme du statut s'ajoute en effet celle de la formation des enseignants et de leur recrutement. Réforme baptisée mastérisation, mais dont le refus n'est pas celui d'une hausse du diplôme exigé pour être enseignant, mais la manière dont elle est conduite.
Pour les professeurs des écoles, c'est la diminution de la formation pédagogique et la disparition de l'année de stage payée qui est au coeur de la colère des IUFM et explique pourquoi ils se mettent en grève. Pour les enseignants du secondaire, c'est presque l'inverse : les contestataires visent l'affaiblissement des contenus disciplinaires, la possiblité d'être recruté comme professeur de langue vivante sans examen oral, le risque de voir les reçus au master/recalés aux concours gonfler les rangs des futurs vacataires.
Surtout, les choix budgétaires encadrent et déterminent complètement le sens réel des réformes. Avec moins d'enseignants-chercheurs, il est évident que la charge de cours de la majorité ne peut qu'augmenter. Avec le démantèlement des Organismes de Recherche et leur transformation en Agence de Moyens, la précarisation des jeunes chercheurs, c'est la structuration de la recherche qui vacille.
L'addition de ces différentes décisions par le gouvernement se paye aujourd'hui par un mouvement social inédit, de très grande puissance, et dont les participants sont loin de se limiter à la gauche universitaire. L'irruption possible des étudiants, déjà perceptible dans les manifestations de jeudi dernier, pourrait mettre en difficulté politique Valérie Pécresse et même le Président de la République. Or, ces étudiants ont bien des raisons d'entrer en action : les problèmes de formations, de bourses, de qualité d'accueil dans les Universités, d'orientation scolaire, de réussite... sont tout aussi énormes qu'il y a un an, deux ans, trois ans.
Voici des extraits des déclarations d'Axel Kahn sur Europe-1, d'après Reuters.
"Depuis plus d'un an j'étais favorable à une modification du décret fixant le service des enseignants chercheurs. Aujourd'hui l'affaire est emmanchée de telle sorte qu'elle n'aboutira pas. Puisque le président de la République a fait l'honneur d'accorder quelque poids à mon avis, il s'est réclamé de moi, qu'il m'écoute : M. le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret aujourd'hui et par conséquent il faut reprendre le dialogue, voir comment on évalue le métier des enseignants chercheurs, comment on valorise toutes leurs activités."
Il a également regretté les propos "blessants" sur les chercheurs et la réalité de leur engagement tenus par Nicolas Sarkozy. "Tout cela fait qu'aujourd'hui la communauté est à ce point remontée contre ce qui se fait que la seule possibilité de reprendre un dialogue et de discuter d'une évolution du métier des chercheurs, c'est de retirer ce texte, même si personne ne peut désirer revenir au statu quo antérieur".
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