jeudi 21 mai 2009

Contre le passage en force des décrets "mastérisation"

Une lettre ouverte de S. Hatchuel & N. Vienne-Guerrin
"Chers collègues,

ll semblerait que le gouvernement veuille très rapidement engager lapromulgation des textes réglementaires (fichiers joints) qui assoientjuridiquement la réforme de la formation des maîtres.

Le Ministère de l'Education Nationale a en effet inscrit ces décrets àl'ordre du jour du prochain Comité Technique Paritaire ministériel (27 mai),l'une des trois instances devant être consultées (avec le Conseil Supérieurde la Fonction Publique d'État et le Conseil d'État) avant signature parle(s) ministre(s) concerné(s).

Nous pouvons donc légitimement nous demander à quoi sert la commissionMarois-Filatre, sinon à acter la réforme et à lui donner un vernis deconcertation. Nos ministres ne se priveront certainement pas de clamerensuite qu'ils ont « écouté » et « négocié ».

La lecture du projet sur le CAPES montre que nous retournons à la casedépart :

1) les étudiants devront à la fois préparer le concours et leur mémoire deMaster la même année.

2) l'obtention du Master est rigoureusement obligatoire puisque si uncandidat obtient le CAPES, mais pas le Master, il lui faudra redoubler sansêtre stagiaire, et obtenir le Master l'année suivante s'il souhaite intégrerla fonction publique. Un an seulement, car ensuite son CAPES sera annulé.

3) les textes proposés supposent que, dès la rentrée 2009, l'année depréparation devra être validée par les universités comme un M1.

On ne manquera pas de remarquer l'ironie de ces textes, proposés par ceux-làmême qui s'opposent fermement à la validation automatique des diplômes cette année, car cette dernière risquerait de les « dévaloriser ».

La lecture du projet sur l'agrégation montre que cette dernière n'échappepas à l'ouragan des « réformes ». Un étudiant ne pourra la préparer avantd'avoir obtenu le Master entier (M1 + M2). Pour les étudiants souhaitantpréparer les deux concours en même temps, il faudra donc attendre la fin duMaster.Mais il est, de toute façon, loin d'être certain que les programmes del'agrégation et du CAPES restent couplés. Or, un découplage reviendraitinévitablement à la disparition de la préparation à l'agrégation dans denombreuses universités en France.

Les sociétés savantes ne devraient-elles pas réagir face à ce quis'apparente à un véritable passage en force ?
Bien cordialement,

N. Vienne-Guerrin et S. Hatchuel

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