vendredi 30 novembre 2007

Université : la réforme, oui, mais pas celle-là

par Jean Fabbri, Université de Tours, secrétaire général du Snesup-FSU.
("Le Monde", 30 novembre 2007)

L’enseignement supérieur ne se réduit pas aux impulsions ministérielles, aux présidents d’université - abusivement enrôlés sous la seule bannière de la Conférence des présidents d’université - et aux étudiants. Curieusement, jusqu’ici, les universitaires sont ignorés en tant que groupes sociaux, multiples certes, mais, plus qu’on ne le croit, solidaires de ce qui est encore un grand service public. En mettant en avant les seuls individus dans une profession où l’engagement personnel est incontournable mais pas exclusif, on se prive de l’expérience et des propositions des associations et des syndicats.
L’université n’est pas une terra incognita pour le syndicalisme. Les très récentes élections dans les sections du conseil national des universités confirment le partage de cette vision collective. Avec une participation élevée pour ce type de scrutin (près de 48 % et près de 2,5 % de plus qu’en 2003), les universitaires ont placé très largement en tête, par le nombre des voix et des élus, le Snesup-FSU, qui avait fait de son opposition à la loi "liberté et responsabilités des universités" (LRU) l’un des axes de sa campagne. C’est un fait.
Cette loi provoque une inquiétude réelle à la fois précise et diffuse dont les effets de mobilisation contestataire sont loin d’avoir atteint leur apogée. D’abord, à rebours des demandes formulées de longue date par les étudiants et par les enseignants du supérieur - demandes entendues comme légitimes par tous les candidats des campagnes électorales du printemps dernier -, aucun moyen nouveau n’a été attribué aux universités, ni pour améliorer en cette rentrée universitaire 2007 les conditions d’accueil et de réussite des nouveaux bacheliers ni pour rendre plus lisibles et cohérentes les formations.
Aucune avancée vers la convergence des taux d’encadrement entre les filières universitaires et les filières des classes préparatoires, aucun emploi supplémentaire aussi bien d’enseignant que de personnels technique, administratif ou des bibliothèques. La situation actuelle des universités, plus largement de l’ensemble du système d’enseignement supérieur et de recherche en France, interdit le statu quo et exige lucidité et audace.
Lucidité des constats en premier lieu : stagnation du nombre d’étudiants (loin des objectifs européens affichés il y a dix ans), diminution d’entrée d’étudiants dans les filières scientifiques, recul du nombre de thèses soutenues, stagnation de la mobilité internationale étudiante sortante, précarisation accrue des emplois dans le supérieur, très faibles recrutements d’enseignants-chercheurs ces dernières années (à peine plus de 500 inscrits supplémentaires lors des élections au CNU de 2003 à 2007).

ABROGATION

Dans le même temps, les prouesses des universitaires sont indéniables et souvent collectives : accès et réussite dans le post-bac pour des milliers de jeunes, rayonnement international des universités françaises et de leurs enseignants-chercheurs, attractivité des statuts français pour des chercheurs de tous les pays. La loi, votée en août 2007, malmène ces statuts, acte le désengagement financier de l’Etat et favorise les embauches en CDD ou CDI, pour toutes les fonctions, dans les établissements d’enseignement supérieur. Les spécificités disciplinaires, les rythmes propres des activités de recherche seraient gommées par les procédures de recrutement prévues par cette loi qui fait du président d’université un manager "ordinaire", ignorant la dimension collégiale universelle des universités.
Il n’est pas surprenant de voir une réelle contestation de cette loi s’organiser. Celle-ci a déjà pris de multiples formes : motions contre la logique de cette loi dans la majorité des conseils d’université, en juin et juillet derniers, dans toutes les instances consultatives nationales (Cneser, CP-CNU, CoNRS), assemblées générales, participation aux grèves et manifestations - en particulier le 20 novembre -, et il faut mesurer toutes les initiatives un peu partout pour contourner, contrecarrer la loi, comme en témoignent des votes en ce sens à Paris-I, Paris-VI, Paris-VIII, au Havre, à Pau, à Amiens, etc.
L’appel à l’abrogation de la loi, non pas pour conserver en l’état un système universitaire qu’il faut transformer, mais pour en construire un autre démocratique, efficace scientifiquement et socialement, appuyé sur un vrai débat scientifique et sociétal, s’élargit. Le Snesup porte cette double exigence, qui converge avec les inquiétudes et les mobilisations étudiantes.
Le budget 2008, adopté le 16 novembre, n’autoriserait qu’à peine quelques minutes de plus de cours ou de TD par étudiant, alors qu’il convient de renforcer l’encadrement, le suivi, l’accompagnement des étudiants, dans toutes les filières, par des enseignants-chercheurs et enseignants disponibles pour transmettre leur enthousiasme, leurs savoirs !
Un vrai budget pour la recherche et le supérieur devrait permettre, par des allégements de service, à tous les nouveaux enseignants-chercheurs de prolonger, d’infléchir leurs activités de recherche et dans le même temps de construire des pratiques pédagogiques réfléchies et novatrices. Voilà l’essentiel. Déjà présent dans notre tissu de formation, mais bridé.
Nul besoin, quoi qu’en dise la ministre et la CPU, d’aller chercher des modèles outre-Atlantique. Nul ne peut prétendre que les universités françaises souffrent de ne pouvoir recruter à prix d’or tel ou tel chercheur français ou étranger. Les mésaventures sportives sont édifiantes : les équipes fabriquées à coups de millions ne gagnent pas toujours, pas plus qu’elles n’encouragent les pratiques de masse. Mais peut-on attirer les nouvelles générations vers les exigeants métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur avec des salaires de début de carrière qui dépassent à peine, après neuf ans d’études supérieures en moyenne, les 1 700 euros net ?
C’est bien d’un authentique système universitaire unifié, ouvert et diversifié, démocratique dans ses fins et son fonctionnement, appuyé sur un investissement national prioritaire doublé et durable de la puissance publique, qui est nécessaire.
C’est là l’espoir. Le gouvernement doit entendre cette détermination, retirer la loi, ouvrir le débat scientifique et sociétal... et s’engager à en suivre les avis.

Source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-983943,0.html

mercredi 28 novembre 2007

Appel des étudiants de l'EHESS

A l’attention des personnels - enseignants et IATOS -, et des étudiants de l’Ehess.

Depuis trois semaines, un mouvement étudiant et lycéen est né pour exiger
l’abrogation de la LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des
universités, dite également loi d’autonomie des universités). Une quarantaine
d’universités sont actuellement mobilisées et ont été rejointes par les
lycéens.
Contrairement à ce qu’affirment les médias, cette loi continue l’entreprise de
dégradation du service public d’enseignement supérieur :

- Par l’autonomie financière :
La mise en concurrence des universités entraînera des inégalités accrues entre
les universités riches et pauvres, les étudiants n’auront pas la possibilité de
poursuivre leurs études dans des conditions égalitaires. Les universités seront
contraintes de pallier le désengagement de l’Etat notamment en augmentant les
frais d’inscription et en requerrant aux financements privés.

- Par l’autonomie pédagogique :
« L’orientation active » imposée aux lycéens lors de l’entrée à l’université les
soumet à une sélection accrue et à des choix de filières restreints. Les
diplômes n’ayant plus la même valeur ni le même contenu selon le lieu
d’obtention, le cadre national des diplômes devient obsolète.

- Avec un président tout puissant et encore moins de démocratie !
L’embauche des personnels ainsi que les types de contrats choisis, qu’il
s’agisse des enseignants ou du personnel BIATOSS sera totalement soumis à
l’accord des présidents.
Les conseils d’administration, restreints en nombre, devront comporter moins
d’étudiants (entre 3 et 5) et plus de représentants extérieurs (chefs
d’entreprises, représentants de chambres de commerce…).

Cette loi s’inscrit dans la suite de la réforme LMD de 2003 et des accords de
Bologne, uniformisant les universités européennes en tirant vers le bas les
contenus pédagogiques comme les conditions d’étude, accentuant ainsi les
inégalités.
Le combat contre la LRU s’inscrit dans les luttes pour la défense du service
public ; il est nécessaire de se mobiliser ensemble dans tous les secteurs
attaqués : santé, transports, enseignement, justice, énergie,…

ASSEMBLEE GENERALE DE L’EHESS JEUDI 29 NOVEMBRE A 11H Salle Lombard au 96 BD RASPAIL.

Le comité de mobilisation des étudiants de l’EHESS.

lundi 26 novembre 2007

Les présidents d’université ne parlent pas en notre nom : pour une université collégiale

Appel des enseignants-chercheurs à la communauté universitaire
Depuis le début du mouvement étudiant contre la loi réformant les universités, dite " loi Pécresse ", il est frappant de constater à quel point est massivement présente, dans les témoignages recueillis par les journalistes, la parole des présidents d’université. Etant admis qu’une communauté universitaire comprend pour l’essentiel trois composantes (étudiants, enseignants-chercheurs et personnels administratifs et techniques), tout se passe comme si, pour connaître l’avis des deux dernières catégories, le seul avis des présidents d’université suffisait. Certes, ceux-ci sont élus parmi leurs pairs enseignants, mais la légitimité de l’élection n’en fait pas pour autant sur tous les sujets et à tout moment les uniques représentants des centaines d’enseignants et de membres du personnel de chaque université. Et ce d’autant moins que la loi en question est un curieux hybride d’idéologie néo-libérale et d’aspirations dominantes au sein de la CPU (Conférence des présidents d’université), qui ne datent pas de l’élection de Nicolas Sarkozy – aspirations partagées par des présidents de bords politiques différents, la fonction tendant à transformer la personne. La CPU semble ainsi s’arroger un nouveau rôle en transformant une instance autrefois quasiment informelle en un véritable lobby aspirant à jouer le rôle de premier interlocuteur des ministères successifs. En montant en première ligne pour défendre la loi Pécresse, la CPU se présente comme principale garante des intérêts et de la liberté de la communauté universitaire alors qu’elle défend en réalité la seule autonomie des présidents d’établissements. En effet, si les risques que fait courir aux universités la nouvelle loi sont nombreux (paupérisation de certaines universités par l’introduction du budget global, désengagement financier de l’État, remise en cause des statuts de certains personnels par l’extension du domaine de la contractualisation, remise en question à terme du cadre des diplômes nationaux, développement d’une concurrence sauvage entre les universités et entre les disciplines, etc.), le principal d’entre eux - et le moins commenté - réside sans doute dans le renforcement des prérogatives présidentielles.
Pour comprendre les enjeux de cette affaire, il vaudrait mieux éviter de postuler un conflit caricatural opposant les modernes et dynamiques partisans de la réforme aux opposants archaïques, empêtrés dans l’immobilisme. Il convient en effet de rappeler que la nouvelle loi ne se justifie en rien par la nécessité de dépasser un régime d’assemblée anarchique, qui interdirait les décisions claires. Avant même son vote, les institutions des universités françaises étaient déjà affectées par un fort tropisme " présidentialiste ". Les seules limites à ce pouvoir tenaient à ce qu’il allait de soi qu’un certain nombre de domaines ne relevaient pas du champ d’action du président, notamment pour le recrutement des enseignants, et que la responsabilité de la politique scientifique de l’établissement était largement partagée avec le Conseil Scientifique.
Ces fragiles garde-fous disparaissent avec la nouvelle loi et le champ des prérogatives des présidents s’accroît considérablement (y compris pour les recrutements d’enseignants). L’hyperprésidence constituerait-elle un nouveau modèle pour toutes les hiérarchies sociales et pour toutes les formes de gouvernance ? Quoi qu’il en soit, la loi LRU rend possible – tout dépendra de la personne appelée à occuper ces fonctions – une forme de despotisme présidentiel dont on peut craindre qu’il ne soit pas toujours éclairé. Ce faisant, se développeront symétriquement, à des degrés inconnus jusqu’alors, une concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un nombre de personnes extrêmement limité et, partant, d’inévitables pratiques de clientélisme. La politique scientifique des établissements risque d’en être profondément affectée car nous aurons alors affaire à une nouvelle université où la possibilité d’un développement de tous les types de recherches sera soumise aux décisions des mêmes individus, pour le plus grand malheur de la pensée critique. La collégialité dans la vie et le gouvernement de l’université constitue, et a toujours constitué, le socle de l’institution universitaire : la préserver n’est pas une option mais la garantie d’un enseignement et d’une recherche libres, comme cela est le cas dans les meilleures universités du monde.
Les universitaires affirment que ce combat contre la loi votée en août dernier dans la précipitation est aussi le leur. Il est urgent que les organes de direction prennent clairement position contre elle. Il serait bon que les – rares, semble-t-il – présidents qui ne veulent pas de ce surcroît de prérogatives et en mesurent les dangers le disent clairement. Il faut enfin que les enseignants et les membres du personnel s’organisent pour faire entendre leur voix et pour dire que les déclarations des présidents d’université ne traduisent pas ce que beaucoup d’entre nous pensent de cette loi. Bref, il faut faire savoir que certains ne parlent pas en notre nom, et dire que l’indispensable réforme des universités requiert une implication de tous les acteurs de la communauté universitaire, non le pouvoir sans partage d’une seule instance.
Ce texte proposé par un collectif d’universitaires, peut être signé sur le site : www.sauvonsluniversite.com

dimanche 25 novembre 2007

Fonctionnement du blog

Ce site est conçu à la fois comme un "blog" (suite de messages chronologiques) et selon l'architecture basique d'un site Internet :
- les rubriques de droite sont des listes de liens cliquables qui renvoient soit aux messages du blog, soit à des liens externes,
- les informations importantes (ponctuelles, locales : Annonce d'AG, RdV, CR, communiqués,...) sont laissées en haut de page de manière à être visibles dès l'ouverture du blog, comme sur la page d’accueil d’un site Internet. Ceci explique que certains messages soient antidatés (de manière à laisser visible les informations importantes publiées antérieurement). Donc, ce n'est pas parce que le message en haut de page est inchangé depuis votre dernière visite qu'il n'y a pas d'informations nouvelles (faites défiler la page, regardez les liens à droite).

L'équipe qui anime le Comité de Mobilisation des Personnels de l'UPV publie seule des messages proposées par des membres du Comité, des personnes extérieures, les sections syndicales et les listes de l'UPV, les autres comités de mobilisation,... (envoyer des textes en RTF ou en PDF - de préférence à du texte brut de courriel -, à l'adresse cmp.upv@free.fr ; ne désespérez pas s'ils ne sont pas publiés immédiatement, la gestion d'un blog d'information est laborieuse).
N.B. : un membre de l'équipe de rédaction qui aurait peur de ne pas maîtriser assez la publication sur le blog peut rédiger son message, l'enregistrer (bouton "Sauvergarder maintenant" : le message est enregistré dans les brouillons mais n'est pas visible) et informer les autres rédacteurs pour mise en ligne.

Les membres du Comité peuvent publier des COMMENTAIRES (cliquez sur le liens (n) commentaires en bas de message) :
1- prévenez-nous sur cmp.upv@free.fr ; nous vous enverrons ensuite depuis le blog une invitation à participer que vous recevrez par mél. Depuis ce mél (envoyé par " Comité ... "), cliquez sur le lien Internet après la phrase " Pour participer à ce blog … "
2- sur la page Internet en question, vous devrez créer un compte Google avec votre adresse mél :
- le mot de passe n’est pas nécessairement celui de votre propre compte mél, c’est même déconseillé.
- attention au nom d’affichage qui sera celui apparaissant dans les commentaires.

Merci donc aux membres du Comité qui ne sont pas les rédacteurs mandatés pour le blog de ne rédiger QUE DES COMMENTAIRES, soit sur le message le plus récent (le premier) si c’est un commentaire sans lien avec un message, soit sur le message à propos duquel vous réagissez ou que vous comptez compléter.
Le Modérateur du blog, samedi 15 décembre 2007.