vendredi 16 octobre 2009

Réponse ouverte à l'INVITATION DE LA MINISTRE VALERIE PECRESSE - 22 OCTOBRE


Dans le cadre des lauréats 2009 du Conseil européen de la recherche,

Valérie Pécresse Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche vous prie de bien vouloir assister au cocktail qui aura lieu le


22 octobre 2009 à 19 heures en salle Hubert Curien

21 rue Descartes – 75231 Paris Cedex 05

RSVP




Madame la Ministre,

Je vous remercie de votre invitation à participer au cocktail que vous organisez en l'honneur des lauréats du Conseil Européen de la Recherche (European Research Council, ERC), et qui aura lieu le 22 octobre.

Je ne participerai pas à ce cocktail dont un des objectifs est manifestement de célébrer les "arbres qui cachent la forêt", alors même que les réformes que vous mettez en œuvre déciment les arbres de ces mêmes forêts. Comment célébrer la qualité de la recherche française quand les discours officiels méprisent ouvertement les chercheurs? Si vous croyez, madame la Ministre, que la recherche n'avance que grâce à un nombre limité de chercheurs "excellents", j'ai le regret de vous dire que vous vous trompez: la recherche est, par essence, une œuvre collective, de longue haleine, dans laquelle tous les acteurs jouent un rôle fondamental, du technicien au chercheur primé. Le gouvernement auquel vous participez, et vous même, défendez une conception très hiérarchique, pyramidale de l'organisation de la recherche, où seuls ceux qui sont au sommet de la pyramide ont droit de cité. Il est facile de voir que même ceux qui, selon cette conception que je conteste, se tiennent au sommet de la pyramide n'y sont maintenus que par la masse de ceux qui sont au dessous, les "médiocres" (puisque non excellents) d'après vos critères. Supprimez ces "médiocres", et toute votre pyramide s'écroule, précipitant à terre les "excellents".

Depuis des siècles, les scientifiques se définissent comme des ``pairs'', c'est-à-dire des égaux, et la notion de hiérarchie, avec des "bons" et des "mauvais", n'a jamais fait partie du vocabulaire académique. C'est bien la sphère politique qui a introduit ces conceptions dans le monde de la recherche afin d'y appliquer un mode de gestion managerial et entreprenarial. Mais la recherche n'est pas, et ne doit pas devenir, une entreprise, car elle a pour but, non le profit, mais l’avancée de la connaissance pour le bien de l'Humanité.

Il me semble, Madame la Ministre, que vous, et bien d'autres au gouvernement, confondez les concepts d'excellence et d'élitisme. Il ne fait aucun doute, ni pour moi, ni pour l'immense majorité de mes collègues, que la recherche scientifique doit viser l'excellence, ne serait-ce que parce que nous sommes financés par des fonds publics issus de l'impôt, et que, plus que tout autre encore, cet argent doit être utilisé à bon escient pour de la recherche de haut niveau. D'ailleurs, et contrairement aux discours officiels, la recherche française n'a pas à rougir de sa qualité: l'exemple des "ERC Starting Grants" que vous voulez célébrer est de ce point de vue très informatif: la France se classe 2ème au niveau européen en terme de lauréats sur l'ensemble des disciplines, et première en sciences de la vie. Qui disait, le 22 janvier dernier, que la recherche française était de mauvaise qualité? Les experts européens disent en tous cas clairement le contraire.

Mais ce n'est pas l'excellence qui est promue aujourd'hui, c'est bien l'élitisme, ce qui est très différent. Dans cette conception élitiste, on fixe, arbitrairement, que seul un certain pourcentage de projets (ou de chercheurs, ou d'équipes etc...) doit être soutenu et financé. Qu'importe que ceux qui se trouvent juste en dessous de la barre soient, eux aussi, "excellents": ils ne sont pas assez excellents (vous m'accorderez que ce concept "d'excellents mais pas assez" est pour le moins "étrange") pour recevoir les lauriers de la gloire. Ils resteront donc sans financement, ou quasiment, et ne seront pas invités à vos "cocktails" de félicitations. Combien de projets de recherche, excellents, ont ainsi été retardés, voire abandonnés, faute de moyens?

Vous comprendrez donc, Madame la Ministre, que je ne peux pas accepter de jouer, pour vous, la vitrine étincelante d'une recherche que vos réformes méprisent. Je n'accepte pas que soit utilisée ma réussite, ponctuelle, pour faire oublier que la recherche française est mise à mal. Je ne peux accepter d'être utilisé pour promouvoir un élitisme qui entrave le développement de bon nombre de chercheurs et de projets excellents.

Cordialement,

Boris BURLE,
Lauréat ERC Starting Grant,
Chercheur CNRS en Lutte, dans un Laboratoire en Lutte

jeudi 1 octobre 2009

Communiqué de la 12e Coordination Nationale des Universités

Communiqué de la 12e Coordination Nationale des Universités, réunie à l’université Paris 8-St Denis le 30 septembre 2009.

Nous avons encore plus de raisons d’être en colère et de nous battre que l’an dernier.

En convoquant ce 30 septembre une nouvelle Coordination Nationale des Universités en lutte, nous réaffirmons notre refus de la loi LRU que, depuis deux ans, le gouvernement cherche à nous imposer. Les raisons de notre engagement persistent, le mécontentement de toutes les composantes de la communauté universitaire est demeuré tel qu’il était en février 2009 lorsqu’a été lancé le mot d’ordre d’arrêt de l’université. Le maintien de la Coordination Nationale des universités en lutte apporte ainsi un premier démenti aux efforts de propagande orchestrés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. La CNU continue à dénoncer cette réforme qui contrevient fortement à l’idée que nous nous faisons des missions de l’université, qui affaiblit le service public de l’enseignement supérieur et dela recherche et qui, au-delà, contribue au démantèlement de l’éducation nationale.

La CNU réaffirme ses revendications du semestre passé et appelle dans l’immédiat:

- à organiser des AG dans les universités avec élection de mandatés à la CNU, et des réunions interprofessionnelles ;
- à lutter contre la loi LRU en refusant le passage aux RCE, la cession du patrimoine immobilier et les heures complémentaires ;
- à combattre la logique de la gestion des ressources humaines appliquée à l’université et à la recherche, fondée sur l’idéologie de l’évaluation individuelle (primes individualisées, entretiens professionnels des BIATOSS, modulations de service), situation aggravée par la loi dite de « mobilité » des fonctionnaires votée cet été ;
- à refuser la dégradation de la formation et du recrutement des enseignants des premier et second degrés en bloquant l’élaboration et la remontée des maquettes« métiers de l’enseignement », que ce soit sous la forme de spécialité, mention ou parcours, en dénonçant les dangers des mesures transitoires, en refusant d’appliquer les nouvelles modalités des stages.

Afin d’assurer la convergence de ces divers modes de résistance, afin de rappeler au ministère que la réprobation envers sa politique est largement partagée par les membres de la communauté universitaire, afin de promouvoir la démocratie au sein de nos établissements, afin de défendre les statuts de fonctionnaires pour tous ceux qui y travaillent, afin de défendre l’existence d’une université ouverte à tous et de favoriser l’insertion des jeunes chercheurs et doctorants, la Coordination Nationale des Universités en lutte va poursuivre son action en collaboration avec les organisations syndicales, les associations et sociétés savantes impliquées dans cette dynamique.

Nous appelons à une journée nationale de manifestations le 17 novembre et à la 13ème CNU le 27 octobre (Paris IV ou X ?)

Rappel

- 3 octobre : coordination BIATOSS (Maison des syndicats, Paris 6)
- 7 octobre : journée du travail décent
- 10 octobre : AG de SLU à Paris 7 (site Olympiade)
- 17 octobre : réunion des sociétés savantes sur les réformes en cours (Institut Poincaré)
- semaine du 22 octobre : appel à des débats sur les réformes en cours dans les universités
- 27 octobre : prochaine CNU

La premère motion de refus de remonter les maquettes de CAPES cette année (et ce ne sera pas la dernière)

Réuni le jeudi 1 octobre 2010, le Conseil de l’UFR d’études ibériques et latino-américaines de l’Université de Paris-Sorbonne a adopté à l’unanimité la motion suivante :

Nous refusons la mise en place de masters professionnels d’enseignement destinés aux futurs candidats aux CAPES et nous ne remonterons aucune maquette les concernant.

Quelle que soit la forme retenue pour le cadrage de ce nouveau type de masters, ils auraient pour conséquence inéluctable la création d’un immense vivier de « reçus-collés » sans aucune perspective professionnelle crédible, mettraient en cause à court terme l’existence même des concours et aussi celle des actuels masters-recherche, privés de la majorité de leurs étudiants.

C’est pourquoi le Conseil d’UFR met d’ores et déjà en place une Commission chargée de réfléchir à un réaménagement du Master d’Études romanes de façon à assurer une meilleure formation des étudiants en fonction de leurs différents projets professionnels : CAPES, agrégation, doctorat, débouchés tournés vers le monde de l’entreprise. C’est la seule manière de préserver à la fois les intérêts des étudiants et ceux de l’Université.

Nous invitons l’ensemble des UFR à adopter la même position.