Un texte de SAUVONS L'UNIVERSITE
Les propositions qui suivent s’inscrivent dans la lutte engagée depuis plusieurs mois contre la LRU, son contenu et ses décrets d'application. L’une des formes que la mobilisation des enseignants chercheurs et des chercheurs peut prendre est, au travers des élections et de l'élaboration des nouveaux statuts, de combattre les aspects les plus négatifs de la loi. SLR et SLU énoncent ici quelques principes sur lesquels ils demanderont aux candidats à une responsabilité élective de se prononcer. Ces principes ne constituent qu'un socle minimal, les problèmes posés par cette loi allant beaucoup plus loin que ces aspects ; ils ne se substituent en rien à une action nationale pour obtenir une autre réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche. Ce qui est en jeu très clairement ici, c’est la possibilité d’une véritable autonomie des universités et de la recherche, de la seule autonomie qui compte : l’autonomie de la production et de la transmission des savoirs comme pratique collective, collégiale et libre.
1) Démocratie : maintien des prérogatives et de l'autonomie de délibération des trois conseils (restaurer la capacité d’initiative des CS et des CEVU; réunir régulièrement les trois conseils ; encadrer le rôle décisionnel du CA par des avis obligatoires émanant des autres conseils centraux quand ils sont concernés).
2) Séparation des pouvoirs : mise en place d’un fonctionnement collectif du CA, rééquilibrant les pouvoirs de décision du président ; renoncement à l’exercice d’un droit de veto présidentiel sur les recrutements.
3) Collégialité : organiser la participation de tous les acteurs de la communauté universitaire dans la gestion collégiale de l'université bien au-delà des conseils centraux. Le président et le CA doivent rendre compte de leur politique lors d'une assemblée générale annuelle des personnels qui doit être organisée dans chaque UFR,
4) Complémentarité : renforcement de toutes les formes de collaboration entre universités, universités et écoles, ainsi qu'entre universités et organismes de recherche, dans le respect de l’indépendance des différents acteurs, notamment grâce au maintien de la double tutelle université/organisme pour les UMR.
5) Parité et élection : engagement des candidats au CA de choisir les membres des comités de sélection parmi une liste de membres élus par les sections disciplinaires de l’établissement au sens du CNU et respecter la parité entre rang A et rang B dans la composition des comités de selection. les CA s'engagent à faire valider les membres extérieurs des comités de sélection par la section CNU de la discipline concernée.
6) Service Public : strict encadrement du recours au recrutement sur CDD et à la contractualisation pour la gestion de la politique de recrutement ; défense des postes statutaires de la Fonction Publique ; limitation et transparence de la politique des primes. Celle-ci, ainsi que la modulation des services prévue par la loi, est basée sur des critères définis collectivement et discutée publiquement. Les critères de ces politiques sont contrôlés nationalement, et des possibilités de recours national doivent être mises en place.
7) Maintien du rôle de l’État : différer, et si possible, refuser la dévolution de la propriété des biens immeubles : elle peut s'avérer lourde de conséquences pour les finances de l'université et obliger à des choix budgétaires aux dépens de l'enseignement et de la recherche.
8) Enseignement et recherche : œuvrer pour le maintien du lien entre enseignement et recherche, dans les structures universitaires comme dans les statuts et la pratique des enseignants-chercheurs.
9) Mutualisation : mise en place de règles de mutualisation au sein de l'université pour l’utilisation des fonds venant du privé, permettant aux filières les moins liées au secteur privé de continuer à exister. Bien que cela dépasse les strictes compétences du CA, les candidats s'engagent aussi à travailler à ce que la part des crédits de base (provenant des universités et des organismes) dans le financement des unités de recherche soit en augmentation, alors qu'elle diminue fortement. Ils défendront aussi la transparence des critères d'évaluation à tous les niveaux. En particulier que l'évaluation des unités se fasse d'une manière collective, contradictoire et par des instances composées en majorité de pairs élus.