« Oui, Madame Pécresse, il est temps de vous inquiéter ! »
Après plus de deux mois d'un mouvement inédit dans les universités françaises, Valérie Pécresse daigne enfin se préoccuper des conséquences de sa politique. Elle s'inquiète des menaces qui pèsent sur les examens et la validation de l'année universitaire.
Valérie Pécresse se préoccupe de « la crédibilité de nos universités à l'étranger et de la valeur de nos diplômes ». Nous sommes heureux d'apprendre que nos universités, si médiocres, à en croire Nicolas Sarkozy, jouissent donc néanmoins d'un certain prestige et que les diplômes qu'elles délivrent ont encore quelque valeur.
Valérie Pécresse ne veut pas que soient délivrés des diplômes dévalués ? Ce sont ses réformes qui instaurent une dévaluation généralisée des diplômes en mettant notamment en place une « masterisation » des concours de recrutement d'enseignants qui réduit leur contenu disciplinaire, repousse d'un an le droit à un salaire, et menace de précariser celles et ceux qui n'auraient pas obtenu à la fois le master et le concours.
Notre ministre se demande comment, si le mouvement perdure, le caractère national des diplômes « pourrait être préservé si tous les étudiants n'ont pas bénéficié de la même formation ». C'est précisément parce que nous voulons préserver le caractère national des diplômes que nous luttons. La mise en concurrence des universités instaurée par la LRU, la création de quelques « pôles d'excellence », de diplômes « professionnels » d'entreprise et de masters d'enseignement aux contenus variables localement ne peut en effet que mettre en péril le caractère national des diplômes.
« Il est impensable de boycotter le baccalauréat », nous dit-elle. Ce qui est impensable, c'est qu'après des mois d'actions menées par l'ensemble des acteurs de l'université, notre gouvernement n'ait toujours pas écouté nos revendications, qu'il n'ait toujours pas pris la mesure de notre détermination. Valérie Pécresse agite le spectre de la pénalisation des étudiants, au sujet des diplômes de cette année, afin de pousser l'université à abandonner la grève. Nous construisons ensemble cette lutte, enseignants-chercheurs, BIATOSS et étudiants ; c'est ensemble que nous trouverons les solutions pour qu'aucun étudiant, gréviste ou non, ne soit pénalisé.
Madame Pécresse nous parle du respect des élèves et des étudiants. Il est étonnant d'entendre parler de respect lorsque le monde de l'enseignement et de la recherche est confronté chaque jour au mépris des ministres et du Président de la République. C'est parce que nous respectons élèves et étudiants que nous luttons pour que l'université française ne repose pas sur des lois de rentabilité immédiate et pour que nos formations ne mènent pas à un avenir fait de précarité.
Elle attribue enfin la poursuite du mouvement à quelques « bandes encagoulées » et au climat de peur qui règnerait en ce moment. Lorsque nous sommes témoins des violences policières envers des grévistes pacifiques, personnels comme étudiants, nous nous demandons quel genre de climat cela peut instaurer, et qui en est responsable.
Si elle déplore les effets du mouvement, Mme Pécresse n'a plus qu'à organiser l'examen... de ses causes, cesser ses manoeuvres et retirer enfin les réformes contestées. C'est l'unique condition, non négociable, à la reprise des enseignements.
Les porte-parole de la Coordination Nationale des Universités
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