Jeudi 16 avril : la CPU de la dernière chance
Depuis de longs mois, l'immense majorité de la communauté universitaire, dans sa diversité associative, syndicale et politique, a fait part de son hostilité raisonnée aux projets gouvernementaux, en particulier au décret réformant le statut des universitaires et à la réforme de la formation des enseignants, mais aussi au démantèlement des organismes publics de recherche et au contrat doctoral unique. Dès le mois d'octobre, différentes instances se sont prononcées. On ne compte plus aujourd'hui les motions demandant le retrait des réformes en cours émanant des conseils de département, d'UFR ou des conseils centraux, votées le plus souvent à l'unanimité. Défenseurs résolus d'une université démocratique et collégiale, les universitaires considéraient alors que cette commune et quasi unanime expression de leurs demandes modérées allait être rapidement entendue par les ministres Valérie Pécresse et Xavier Darcos. Plusieurs semaines s'écoulèrent et le silence fut leur seule réponse.
En décembre, l'annonce des dotations a agi comme un révélateur supplémentaire. Non content d'ignorer la contestation universitaire, le gouvernement affichait son mépris souverain pour l'Université, en programmant la suppression des postes et en réduisant la dotation de nombre d'universités. Des présidents d'université sentirent alors qu'ils ne pouvaient assister à ce démantèlement sans protester, pour certains, vigoureusement. Là encore, Valérie Pécresse se contenta d'expliquer que les budgets augmentaient et que l'effort du gouvernement pour l'Enseignement Supérieur se poursuivait. Elle proposa même de trouver de nouvelles sources de financement en déclarant (propos rapporté dans Le Figaro du 17 janvier 2009) : "Les universités françaises devraient s'inspirer des Anglais pour augmenter leurs ressources", par exemple en louant certains bâtiments ou certaines parties de ces derniers. Il était difficile d'exprimer de façon plus explicite une fin de non recevoir.
Sans doute le 22 janvier acheva-t-il d'ouvrir les yeux à ceux qui croyaient encore aux formes strictement légales de mobilisation. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy, avec le verbe hésitant qu'on lui connaît, affichant un souverain mépris pour la syntaxe, déclara sa profonde détestation de la Recherche française. Enfilant, avec sa régularité habituelle, les imprécisions, les chiffres mensongers et les caricatures sous couvert de bon sens, il annonçait la guerre que son gouvernement avait déclarée aux institutions publiques de recherche. Une nouvelle fois, les protestations s'accumulèrent. Une nouvelle fois, Valérie Pécresse ne répondit pas, concédant seulement que certaines phrases étaient sorties de leur contexte.
Grèves, occupations, blocages, manifestations et autres coordinations se multiplièrent à partir notamment du 2 février, jour où l'Université s'arrêtait. De vagues discussions furent menées et d'improbables modifications furent apportées à certains projets. Des promesses furent faites sur 2010 et 2011. Bref, pendant ces longues semaines, le gouvernement cherchait à s'abriter derrière de fausses concessions pour arrêter un mouvement qui apparaissait de plus en plus comme sans précédent. Sans doute pensait-il déjà aux examens...
Pendant ce temps, régulièrement, se tenaient des Conférences des Présidents d'Université. Le 18 décembre, un nouveau président des présidents fut même élu. Un seul candidat s'était présenté. Sa profession de foi affichait des convictions qui ne semblaient pas vraiment en phase avec la mobilisation. Elle qualifiait ainsi la loi LRU "d'avancée insuffisante" et parlait d'universités inscrites dans la compétition mondiale... Elle affirmait toutefois l'indépendance de la CPU c'est-à-dire que celle-ci devait "affirmer des positions fermes" et "les tenir sous la pression de l'actualité politique". Et le texte précisait qu'il faudra refuser l'imposition d'"un rythme incompatible avec le temps de la réflexion et de la concertation". Un tel courage supposait que l'association corrige certaines faiblesses, parmi lesquelles "la coupure avec les communautés" et son corollaire "des positions en assemblée générale qui seraient ensuite contredites ou ignorées" par les universités.
Depuis, la CPU, en plénière comme en formation réduite (CA ou bureau) n'a cessé d'afficher des positions molles sur la réforme de la formation des enseignants et d'accepter l'imposition d'un rythme effréné destiné à empêcher toute réflexion. Le jeudi 22 janvier, elle estimait avoir reçu des réponses à ses interrogations et demandait juste que la première année (2009/2010) soit expérimentale. Nulle référence à un moratoire, pourtant largement demandé, n'était alors faite. La surdité gouvernementale était décidemment contagieuse. Elle n'a pas cessé depuis. Le jeudi 5 mars, l'assemblée plénière constatait que "les conditions du dialogue [était] en cours de rétablissement" et apercevait des "avancées sérieuses" concernant les discussions autour du décret réformant le statut des enseignants-chercheurs.
Quant à la mastérisation, la même ritournelle concernant les mesures transitoires tenait lieu de concession, alors même qu'elles accentuent une confusion dénoncée par tous pour l'an prochain. Pourtant dès le 9 février, une dizaine de présidents, dans leur Appel de la Sorbonne, avait demandé le retrait de toutes les réformes en cours. Non contents donc de ne pas entendre les universitaires, les présidents ne s'écoutaient pas eux-mêmes et s'en tenaient à la ligne gouvernementale. La récente CPU de Brest alla même encore plus loin, en demandant une reprise des cours dans "l'intérêt des étudiants ».
Cette attitude irresponsable de la CPU ne peut plus se poursuivre aujourd'hui. À l'heure où se pose avec acuité la question des examens et de la validation du second semestre, les présidents doivent enfin accepter d'exprimer, en plénière, les exigences de la communauté universitaire : le retrait du projet de décret et le retrait de la réforme de la formation des enseignants des premiers et second degrés. Il est important que la CPU affirme que les ministres ne doivent plus jouer la stratégie du pourrissement. Si elle ne le faisait pas, comment les universitaires pourraient-ils entendre, venant de présidents qui n'auraient pas été capables d'en user, des appels à la responsabilité, sinon comme une demande de capitulation pure et simple ? Au moment où Valérie Pécresse et Xavier Darcos n'hésitent pas à recourir à un chantage éhonté, alors même qu'ils sont les seuls responsables de la crise qu'ils feignent de constater, ce jeudi 16 avril, en plénière, la CPU doit clairement dire qu'elle ne conçoit plus qu'une seule issue raisonnable à ce conflit : le retrait des réformes en cours.
Certaines universités, à travers leurs assemblées générales, ont déjà voté des motions en ce sens. SLU appelle donc tous les membres de la communauté universitaire à intervenir auprès des présidents de leurs universités pour leur demander de voter en plénière, jeudi 16 avril, une résolution conforme aux revendications portées par la grande majorité de l'Université.
Depuis de longs mois, l'immense majorité de la communauté universitaire, dans sa diversité associative, syndicale et politique, a fait part de son hostilité raisonnée aux projets gouvernementaux, en particulier au décret réformant le statut des universitaires et à la réforme de la formation des enseignants, mais aussi au démantèlement des organismes publics de recherche et au contrat doctoral unique. Dès le mois d'octobre, différentes instances se sont prononcées. On ne compte plus aujourd'hui les motions demandant le retrait des réformes en cours émanant des conseils de département, d'UFR ou des conseils centraux, votées le plus souvent à l'unanimité. Défenseurs résolus d'une université démocratique et collégiale, les universitaires considéraient alors que cette commune et quasi unanime expression de leurs demandes modérées allait être rapidement entendue par les ministres Valérie Pécresse et Xavier Darcos. Plusieurs semaines s'écoulèrent et le silence fut leur seule réponse.
En décembre, l'annonce des dotations a agi comme un révélateur supplémentaire. Non content d'ignorer la contestation universitaire, le gouvernement affichait son mépris souverain pour l'Université, en programmant la suppression des postes et en réduisant la dotation de nombre d'universités. Des présidents d'université sentirent alors qu'ils ne pouvaient assister à ce démantèlement sans protester, pour certains, vigoureusement. Là encore, Valérie Pécresse se contenta d'expliquer que les budgets augmentaient et que l'effort du gouvernement pour l'Enseignement Supérieur se poursuivait. Elle proposa même de trouver de nouvelles sources de financement en déclarant (propos rapporté dans Le Figaro du 17 janvier 2009) : "Les universités françaises devraient s'inspirer des Anglais pour augmenter leurs ressources", par exemple en louant certains bâtiments ou certaines parties de ces derniers. Il était difficile d'exprimer de façon plus explicite une fin de non recevoir.
Sans doute le 22 janvier acheva-t-il d'ouvrir les yeux à ceux qui croyaient encore aux formes strictement légales de mobilisation. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy, avec le verbe hésitant qu'on lui connaît, affichant un souverain mépris pour la syntaxe, déclara sa profonde détestation de la Recherche française. Enfilant, avec sa régularité habituelle, les imprécisions, les chiffres mensongers et les caricatures sous couvert de bon sens, il annonçait la guerre que son gouvernement avait déclarée aux institutions publiques de recherche. Une nouvelle fois, les protestations s'accumulèrent. Une nouvelle fois, Valérie Pécresse ne répondit pas, concédant seulement que certaines phrases étaient sorties de leur contexte.
Grèves, occupations, blocages, manifestations et autres coordinations se multiplièrent à partir notamment du 2 février, jour où l'Université s'arrêtait. De vagues discussions furent menées et d'improbables modifications furent apportées à certains projets. Des promesses furent faites sur 2010 et 2011. Bref, pendant ces longues semaines, le gouvernement cherchait à s'abriter derrière de fausses concessions pour arrêter un mouvement qui apparaissait de plus en plus comme sans précédent. Sans doute pensait-il déjà aux examens...
Pendant ce temps, régulièrement, se tenaient des Conférences des Présidents d'Université. Le 18 décembre, un nouveau président des présidents fut même élu. Un seul candidat s'était présenté. Sa profession de foi affichait des convictions qui ne semblaient pas vraiment en phase avec la mobilisation. Elle qualifiait ainsi la loi LRU "d'avancée insuffisante" et parlait d'universités inscrites dans la compétition mondiale... Elle affirmait toutefois l'indépendance de la CPU c'est-à-dire que celle-ci devait "affirmer des positions fermes" et "les tenir sous la pression de l'actualité politique". Et le texte précisait qu'il faudra refuser l'imposition d'"un rythme incompatible avec le temps de la réflexion et de la concertation". Un tel courage supposait que l'association corrige certaines faiblesses, parmi lesquelles "la coupure avec les communautés" et son corollaire "des positions en assemblée générale qui seraient ensuite contredites ou ignorées" par les universités.
Depuis, la CPU, en plénière comme en formation réduite (CA ou bureau) n'a cessé d'afficher des positions molles sur la réforme de la formation des enseignants et d'accepter l'imposition d'un rythme effréné destiné à empêcher toute réflexion. Le jeudi 22 janvier, elle estimait avoir reçu des réponses à ses interrogations et demandait juste que la première année (2009/2010) soit expérimentale. Nulle référence à un moratoire, pourtant largement demandé, n'était alors faite. La surdité gouvernementale était décidemment contagieuse. Elle n'a pas cessé depuis. Le jeudi 5 mars, l'assemblée plénière constatait que "les conditions du dialogue [était] en cours de rétablissement" et apercevait des "avancées sérieuses" concernant les discussions autour du décret réformant le statut des enseignants-chercheurs.
Quant à la mastérisation, la même ritournelle concernant les mesures transitoires tenait lieu de concession, alors même qu'elles accentuent une confusion dénoncée par tous pour l'an prochain. Pourtant dès le 9 février, une dizaine de présidents, dans leur Appel de la Sorbonne, avait demandé le retrait de toutes les réformes en cours. Non contents donc de ne pas entendre les universitaires, les présidents ne s'écoutaient pas eux-mêmes et s'en tenaient à la ligne gouvernementale. La récente CPU de Brest alla même encore plus loin, en demandant une reprise des cours dans "l'intérêt des étudiants ».
Cette attitude irresponsable de la CPU ne peut plus se poursuivre aujourd'hui. À l'heure où se pose avec acuité la question des examens et de la validation du second semestre, les présidents doivent enfin accepter d'exprimer, en plénière, les exigences de la communauté universitaire : le retrait du projet de décret et le retrait de la réforme de la formation des enseignants des premiers et second degrés. Il est important que la CPU affirme que les ministres ne doivent plus jouer la stratégie du pourrissement. Si elle ne le faisait pas, comment les universitaires pourraient-ils entendre, venant de présidents qui n'auraient pas été capables d'en user, des appels à la responsabilité, sinon comme une demande de capitulation pure et simple ? Au moment où Valérie Pécresse et Xavier Darcos n'hésitent pas à recourir à un chantage éhonté, alors même qu'ils sont les seuls responsables de la crise qu'ils feignent de constater, ce jeudi 16 avril, en plénière, la CPU doit clairement dire qu'elle ne conçoit plus qu'une seule issue raisonnable à ce conflit : le retrait des réformes en cours.
Certaines universités, à travers leurs assemblées générales, ont déjà voté des motions en ce sens. SLU appelle donc tous les membres de la communauté universitaire à intervenir auprès des présidents de leurs universités pour leur demander de voter en plénière, jeudi 16 avril, une résolution conforme aux revendications portées par la grande majorité de l'Université.
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