lundi 17 décembre 2007

La liberté de la recherche scientifique menacée

Le dernier numéro de LA VIE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (n°371), consacre tout un dossier, "Régions Recherche Université", aux dangers que la LRU et l'ANR constituent pour la recherche scientifique.

Vous pouvez télécharger le n° au format PDF à cette adresse => http://cmp.upv.free.fr/VRS371.pdf

- Entretien avec Albert FERT, prix Nobel de Physique 2007,

- Article de J-P Liautard (INSERM, SNCS-FSU de Montpellier) : "Affinités électives ou connexions mortelles ?", qui traite de la démission de Christian Bréchot, directeur de l'INSERM, poussé à la démission par les financiers de l'entreprise METAGENEX, qui exploite un brevet dont Bréchot est à l'origine.
"La démission de Christian Bréchot illustre la contradiction entre la nécessité éthique de valider un résultat par des recherches sur le long terme et la logique de la rentabilisation rapide des financeurs privés." ; "Un test médical pourra être effectué sur des patients sans que le chercheur qui l'a inventé soit encore sûr qu'il n'est pas nuisible à la santé, suivant la logique des groupes financiers qui ont sponsorisé la recherche."

-L’édito de Jean-Luc Mazet, secrétaire général du SNCS-FSU : Liberté de la recherche scientifique menacée :
La même logique est à l’oeuvre, du Pacte pour la recherche à la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), puis dans l’interdiction faite au conseil administration du CNRS de délibérer sur son plan stratégique « Horizon 2020 ». Il s’agit de réduire la liberté de recherche et d’enseignement au nom d’une culture de projets à court terme.
Le Pacte pour la recherche a établi un contrôle étatique direct de la recherche prise dans l’étau d’agences entièrement nommées. L’Agence nationale de la recherche (ANR) attribue des moyens financiers qui se substituent aux crédits d’intervention des organismes. L’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) confisque l’évaluation des unités de recherche au Comité national de la recherche scientifique et aux autres commissions scientifiques spécialisées et les prive de leur rôle dans la prospective scientifique.
La loi LRU concentre des pouvoirs exorbitants entre les mains des présidents d’université. Dans ce cadre, le gouvernement prépare l’accueil des unités mixtes de recherche (UMR) sous la responsabilité scientifique et financière des universités et l’embauche de personnels contractuels en lieu et place de titulaires pour assurer le développement de l’enseignement et de la recherche.
L’interdiction faite au CNRS de débattre de son plan stratégique est une nouvelle étape du dispositif qui vise à lui retirer sa capacité de définition d’une politique scientifique indépendante, à long terme, pour le transformer en « agence de moyens ». Devant la réaction de la communauté scientifique, le ministère a créé un groupe de travail animé par François d’Aubert, ancien ministre, dont un des « sujets chauds » est le sort réservé aux UMR.
Ce dispositif a pour traduction concrète le budget 2008 qui ne crée aucun poste et n’attribue aucun moyen de base aux universités et aux établissements de recherche. Toutes les augmentations de crédits vont à la recherche sur projets et à des entreprises privées, sous forme de crédit impôt recherche sans aucune contrepartie. Dans ce contexte, il est clair que l’affaiblissement du CNRS ne se traduira pas par le renforcement des universités. Au contraire, il s’agit de la déstructuration de notre système de recherche fondé sur une logique de coopération scientifique. C’est la raison pour laquelle la protestation grandit dans les laboratoires. « Il faut des années pour créer un bon système de recherche, quelques mois pour le dilapider » reconnaît lui-même le président Nicolas Sarkozy.

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